Том 4. Письма 1820-1849 - Федор Тютчев
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Je reçois à l’instant la dépêche en date du 1er avril, par laquelle V<otre> E<xcellence> veut bien m’informer de la nomination de Mr Kokoschkine au poste de Turin*, et je ne manquerai pas conformément à des ordres d’en donner connaissance au Ministère du Roi de Sardaigne. Cette nomination, Mr le Comte, me met plus à l’aise pour renouveler la prière que je me suis permis de vous adresser il y a quelque temps. Je supplie V<otre> E<xcellence> de ne pas trouver indiscrète l’insistance que je mets à solliciter encore une fois le congé que je lui ai demandé par ma lettre particulière du 1/13 mars*. Ce congé pour moi est d’une nécessité absolue. Mes intérêts les plus chers dans le présent et dans l’avenir dépendent de la faveur que je réclame. En remettant à Mr Kokoschkine les affaires de la Mission Impériale, j’aurai la satisfaction de penser qu’il aura lieu d’être content des rapports qui existent entre elle et le Ministère Sarde. C’est un fait dont je puis parler avec d’autant moins de réserve qu’assurément je suis loin d’avoir la ridicule vanité de revendiquer pour moi le moindre port de ce résultat. Vos instructions ont tout fait, Mr le Comte; il a suffi de les comprendre et d’y être fidèle, et cette tâche, je dois en convenir, m’a été singulièrement facilitée par les bienveillantes dispositions qui m’ont accueilli ici de toutes parts.
Je suis avec respect…
Перевод19 апреля/1 мая 1839
Милостивый государь граф,
Не могу выразить, милостивый государь граф, как я был счастлив и признателен, узнав из депеши вашего сиятельства от 19 марта, что государь император удостоил внимания некоторые мои рапорты и почтил их своим августейшим одобрением*. Эта великолепная награда за столь скромную службу доказывает, что милость государя распространяется, за неимением наших поступков, даже на наши намерения.
Я только что получил депешу от 1-го апреля, в коей вашему сиятельству угодно было сообщить мне о назначении г-на Кокошкина на место посланника в Турин*, и в соответствии с вашими указаниями я незамедлительно извещу об этом королевское министерство иностранных дел Сардинии. Это назначение, милостивый государь граф, дает мне основание вновь обратиться к вам с просьбой, с коей я недавно обращался. Умоляю ваше сиятельство не считать нескромной мою повторную просьбу об отпуске, разрешение на который я испрашивал в частном письме от 1/13 марта*. Этот отпуск мне совершенно необходим. Самые дорогие мои чаяния в настоящем и будущем зависят от сей вашей милости. Передавая г-ну Кокошкину дела императорской миссии, я с удовлетворением полагаю, что он останется доволен теми отношениями, какие ныне существуют между нею и министерством иностранных дел Сардинии. Я могу говорить об этом факте без всякой доли смущения, поскольку далек от смешного тщеславия полагать, будто я мог иметь хоть малейшее отношение к достигнутому результату. Все совершили ваши инструкции, милостивый государь граф; достаточно было понять их и верно им следовать, и эта задача, должен признаться, была мне значительно облегчена тем благожелательным расположением, какое я встретил со всех сторон.
Честь имею пребывать с совершенным уважением…
Тютчевой А. Ф., лето 1839*
51. А. Ф. ТЮТЧЕВОЙ Начало лета 1839 г. ТуринMerci, ma chère enfant, pour ta lettre, qui m’a fait grand plaisir, malgré ses fautes d’orthographe. Je voudrais bien être près de toi pour te les corriger. C’est bien aussi ce que j’espère voir se réaliser dans le courant de cet été. En attendant, écris-moi de temps à autre, dis-moi les leçons que tu prends et les livres que tu lis… As-tu déjà écrit à ta tante Clotilde?* Aime-la bien et tâche de lui ressembler. Aime bien aussi la tante Hannstein, qui maintenant prend soin de vous, comme dans son enfance elle a pris soin de ta mère.
Embrasse de ma part tes petites sœurs. Je suis bien impatient de vous revoir toutes les trois, mes chers enfants. Que la Bonté Divine veille sur vous…
Adieu, ma chère Anna, matin et jour, quand tu pries le bon Dieu, pense aussi à ta mère. Je t’embrasse, mon enfant.
T. Tutchef
Mes amitiés à ta bonne Catherine.
ПереводБлагодарю тебя, моя милая девочка, за твое письмо, оно меня очень порадовало, несмотря на орфографические ошибки. Я бы очень желал быть рядом с тобою, чтобы поправлять их тебе. Надеюсь, что это осуществится нынешним летом. А пока пиши мне от времени до времени, рассказывай мне про свои уроки и про книги, какие ты читаешь… Писала ли ты тетушке Клотильде?* Люби ее крепко и старайся походить на нее. Люби также тетушку Ганштейн, она теперь заботится о вас, как заботилась о вашей матери, когда та была ребенком.
Обними за меня младших сестер. Мне очень не терпится увидеть всех вас троих, мои милые дети. Храни вас милосердие Божие…
Прощай, милая Анна. Во время утренней и вечерней молитвы поминай также и свою мать. Обнимаю тебя, дитя мое.
Ф. Тютчев
Сердечно кланяюсь твоей доброй Екатерине.
Нессельроде К. В., 6/18 октября 1839*
52. К. В. НЕССЕЛЬРОДЕ 6/18 октября 1839 г. МюнхенMunich. Ce 6/18 octobre 1839
Monsieur le Comte,
Des circonstances impérieuses m’obligent à prier Votre Excellence de vouloir bien agréer ma démission de la place de 1er secrétaire de la Légation Impériale à Turin*.
Mon intention aussi bien que mon vœu eût été de rentrer immédiatement en Russie où j’aspire à me fixer. — Mais l’intérêt de mes enfants, que je suis venu retrouver ici et qu’il me serait également impossible de faire voyager dans cette saison ou de laisser de nouveau à la merci d’une surveillance étrangère, me met dans le cas, Monsieur le Comte, de vous demander, comme une faveur, la permission de différer ma rentrée en Russie jusqu’au printemps prochain.
Je suis avec respect, Monsieur le Comte, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur
T. Tutchef
ПереводМюнхен. 6/18 октября 1839
Милостивый государь, граф Карл Васильевич,
Важные обстоятельства вынуждают меня просить ваше сиятельство благоволить принять мою отставку от должности 1-го секретаря императорской миссии в Турине*.
Я был намерен, что вполне отвечает моим желаниям, незамедлительно возвратиться в Россию, где надеюсь обосноваться. — Однако в интересах моих детей, к которым я сюда приехал и которых в равной мере не решаюсь ни взять с собой в путешествие в это время года, ни снова оставить здесь под чужим надзором, я принужден просить вас, милостивый государь, о великодушном разрешении отложить мое возвращение в Россию до будущей весны.
С совершенным почтением честь имею быть, милостивый государь, вашего сиятельства покорнейший слуга
Ф. Тютчев
Тютчевым И. Н. и Е. Л., 1/13 декабря 1839*
53. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 1/13 декабря 1839 г. МюнхенMunich. Ce 1/13 décembre 18<39>
C’est le 24 du mois d<ernier>, le jour même de la fête de maman que j’ai reçu votre lettre, chers papa et maman. J’avais bien pensé à vous, ce jour-là et la veille. Mais la lettre, je n’avais guères l’espérer. Elle m’a fait grand plaisir. — Il me tarde bien de vous revoir. Et si Dieu nous prête vie jusqu’au printemps prochain, nous nous reverrons, bien sûr. C’est une chose décidée, irrévocablement décidée. Ma femme vous écrit sous ce pli*. Voilà trois mois que par mes hésitations, par mes délais, je l’empêche de vous écrire. Ne m’en voulez pas et surtout n’attribuez pas à de la paresse cette impossibilité d’écrire. Ce que c’est je n’en sais rien. Toutefois, ne soyez pas en peine de moi. Car j’ai, pour veiller sur moi, le d<évoue>ment[13] de l’être, le meilleur que Dieu ait jamais fait. Ce que je vous dis, ce n’est pas une exagération. Ce n’est que justice.
Je ne vous parle pas de son affection pour moi. Vous-même trouveriez peut-être qu’il y a de l’excès. Mais ce dont je ne puis assez me louer et la remercier, c’est de la tendresse et de ses soucis pour les enfants. Pour eux, la perte qu’ils ont faite est presque réparée. Nous les avons pris chez nous, aussitôt arrivés à Munich*, et quinze jours après les enfants lui étaient attachés comme s’ils n’avaient jamais eu d’autre mère. Moi aussi, je n’ai jamais vu de nature plus sympathique aux enfants que la sienne. Oui, c’est une bien noble et bien excellente nature et je la recommande vivement à votre amitié. Pour les détails je vous renvoie à sa lettre. Nous sommes venus ici à la fin de septembre. Notre intention avait été d’aller passer cet hiver à Pétersb<ourg>, mais l’état de Nesty s’étant tout à fait déclaré vers cette époque*, nous avons été obligés de renoncer à ce projet. Mais, comme je vous l’ai dit, ce n’est qu’une partie remise jusqu’au printemps prochain.
A mon arrivée ici, j’ai écrit <à> C<om>te de Nesselrode pour me démettre de ma place de secrétaire à Turin et pour le prier de <m’>autoriser de passer cet hiver à l’étranger*. Il m’a répondu avec beaucoup d’obligeance, en m’accordant ma demande. Maintenant voici quelles sont mes intentions. Au mois de mai prochain nous irons à Pétersb<ourg>, ainsi que j’en ai déjà pris l’engagement vis-à-vis du Ministère et à moins qu’on ne mquelque poste <déci>dément avantageux, quelque avancement extraordinaire — ce qui est peu probable, à moins, dis-je, d’une chance pareille, je suis bien résolu à quitter la carrière diplomatique et m’établir définitivement en Russie. C’est le vœu de Nesty pour le moins aussi que le mien. Je suis <las de> cette existence de l’homme sans patrie, et <il est temps> de songer à se préparer une retraite pour <l’âge> qui vient. Il est surtout temps de vous <voir> pour ne <plus> vous quitter. Que <Dieu nous donne encore> quelques années pour réparer le temps perdu.
Cette lettre, <je s>uppose, vous trouvera encore à Minsk, auprès de Dorothée et de son mari*. Dites-leurs mille amitiés de ma part. Je n’ai pas écrit à Dorothée depuis sa dernière lettre. Mais s’est qu’il y a des choses dont il m’est impossible de parler; des souvenirs qui saignent toujours et ne guériront jamais.
Nicolas vous aura déjà quitté à présent. S’il en est ainsi, veuillez, je vous prie, lui faire parvenir à Varsovie la lettre que lui écrit ma femme*. Quant à moi, je compte lui écrire directement. Mais est-il toujours à Varsovie et quelle est son adresse?
Je ne vous parle pas de la vie que nous menons ici. C’est une vie fort retirée et paisible. Les enfants, Maltitz et sa femme, la tante de Clotilde, son père et ses frères*, vo<ilà> ce qui forme notre société h<abituelle>. Je vois souvent Северин qui me témoigne b<eau>cou<p> d’amitié. En fait de Russes il y a encore ici le <vieux Comte> Tolstoy avec sa fille, la C<omt>esse Закревск<ая>* qui chaque fois que je vais le voir, me <charge> de compliments pour vous. — Pour cette fois adieu, je vous <écrirai> dans quelques jours.
ПереводМюнхен. 1/13 декабря 1839