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Том 6. Проза, письма - Михаил Лермонтов

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Maintenant il faut que je vous explique pourquoi j'adresse cette lettre à Moscou et non à la campagne; j'ai laissé votre lettre à la maison et l'adresse avec; et comme personne ne sait où je conserve vos lettres, je ne puis la faire venir ici.

Vous me demandez ce que signifie la phrase à propos du mariage du prince*: удавится или женится! — ma parole d'honneur que je ne me rappele pas avoir écrit quelque chose de semblable. Car j'ai trop bonne opinion du prince et je suis sûr qu'il n'est pas un de ceux qui choisissent, les promises d'après un registre;

— Dites je vous prie à ma cousine* que l'hiver prochain elle aura un cavalier aimable et beau: Jean Vatkofsky* est officier des gardes; et tout cela parce que son colonel se marie avec sa sœur*! — et dites après qu'il n'y a pas de hasard dans ce bas monde.

Dites moi à cœur ouvert: vous m'avez boudé pendant quelque temps? — et bien puisque c'est fini n'en parlons plus — adieu, on me demande — car le général est arrivé. — Adieu.

M. Lerma.

Mes compliments à tout le monde.

Il fait tard; j'ai trouvé un moment de loisir pour continuer cette lettre. Il y a tant de choses qui se sont passées en moi depuis que je ne vous ai écrit, tant de choses étranges, que je ne sais moi-même, quelle route je vais prendre: celle du vice ou de la sottise; il est vrai que toutes les deux mènent souvent au même but; — je sais que vous m'exhorterez, que vous essayerez de me consoler — ce serait de trop! je suis plus heureux que jamais, plus gai que le premier ivrogne chantant dans la rue! — Les termes vous déplaisent — mais hélas: dis moi qui tu hantes je te dirai qui tu es! — Je vous crois que mademoiselle S.* est fausse, car je sais que vous ne direz jamais de fausseté d'autant plus si c'est du mal! — que dieu la bénisse! — quant aux autres choses que j'aurais pu vous écrire. — Je guarde le silence, pensant que beaucoup de paroles ne valent pas une action, et comme je suis paresseux de nature, ainsi[82] que vous le savez, chère amie, je m'endors sur mes lauriers, mettant une fin tragique à mes actions et paroles à la fois

— adieu.

<См. перевод в примечаниях*>

Лопухиной М. А., 4 августа 1833*

S.-Pétersbourg. Le 4-me Août. <1833 г.>

Je ne vous ai pas donné de mes nouvelles depuis que nous sommes allés au camp; et vraiment je n'aurais pu y réussir avec toute la bonne volonté possible; imaginez-vous une tente qui a 3 archines en long et en large et 2 1/2 de hauteur, occupée par trois personnes et tout leur bagage, toute leur armure, comme: sabres, carabines, chakos[83] etc., etc. — le temps a été horrible, une pluie qui ne finissait pas faisait, que souvent nous passions 2 jours de suite sans pouvoir sécher nos habits; et pourtant cette vie ne m'a pas tout-à-fait déplu; vous savez, chère amie, que j'eus toujours un penchant très prononcé pour la pluie et la boue, et maintenant grâce à dieu j'en ai joui complètement.

— Nous sommes rentrés en ville, et bientôt recommencent nos occupations; la seule chose qui me soutient, c'est l'idée que dans un an je suis officier. — Et alors, alors —… bon dieu! si vous saviez la vie que je me propose de mener!.. oh, cela sera charmant: d'abord, des bizarreries, des folies de toute espèce, et de la poésie noyée dans du champagne: — je sais vous allez vous recrier; mais hélas, le temps de mes rêves est passé; le temps de croire n'est plus; il me faut des plaisirs matériels, un bonheur palpable, un bonheur qui s'achète avec de l'or, que l'on porte dans sa poche comme une tabatière, un bonheur qui ne fasse que tromper mes sens en laissant mon âme tranquille et inactive!.. voilà ce qui m'est nécessaire maintenant, et vous vous apercevez, chère amie, que je suis quelque peu changé depuis que nous sommes séparés; quand j'ai vu mes beaux rêves s'enfuir, je me suis dit que ça ne valait pas la peine d'en fabriquer d'autres; il vaut mieux, pensai-je, apprendre à s'en passer; j'essayai; j'avais l'air d'un ivrogne qui peu à peu tâche de se déshabituer du vin; — mes efforts ne furent pas inutiles, et bientôt je ne vis dans le passé qu'un programme d'aventures insignifiantes et fort communes. Mais parlons d'autres choses; — vous me dites que le Prince T. et votre sœur son épouse* se trouvent fort contents l'un de l'autre; je n'y ajoute pas une foi entière, car je crois connaître le caractère de tous les deux, et votre sœur ne paraît pas très disposée à la soumission, et il paraît que monsieur n'est pas non plus un agneau! — Je souhaite que ce calme factice dure le plus longtemps possible — mais je ne saurai prédire rien de bon. — Ce n'est pas que je vous trouve un manque de pénétration; mais je crois plutôt, que vous n'avez pas voulu me dire tout ce que vous pensiez; et c'est très naturel; car maintenant si mes suppositions sont vraies, vous n'avez pas même besoin de dire: oui. — Que faites vous à la campagne? vos voisins sont-ils amusants, aimables, nombreux? voici des questions qui vous auront l'air d'être faites sans aucune intention sérieuse!

Dans un an, peut-être, je viendrai vous voir; et quels changements ne trouverai-je pas? — me reconnaîtrez-vous, et voudrez-vous le faire? — Et moi, quel rôle jouerai-je? sera-ce un moment de plaisir, pour vous, ou d'embarras pour nous deux? car je vous avertis, que je ne suis plus le même*, que je ne sens plus, que je ne parle plus de la même manière, et dieu sait ce que je deviendrai encore dans un an; — ma vie jusqu'ici n'a été qu'une suite de désappointements, qui me font rire maintenant, rire de moi et des autres; je n'ai fait qu'effleurer tous les plaisirs, et sans en avoir joui, j'en suis dégoûté.

— Mais ceci est un sujet bien triste que je tâcherai de ne pas ramener une autre fois; lorsque vous serez à Moscou annoncez le moi, chère amie… — je compte sur votre constance; adieu;

M. Ler…

P. S. Mes compliments à ma cousine*, si vous lui écrivez, car je suis trop paresseux pour le faire moi-même.

<См. перевод в примечаниях*>

Симанской М. Л., 20 февраля 1834*

<Петербург, 20 февраля 1834 r.>

Ma chère cousine! Je me rends avec extase à votre aimable invitation, et certainement je ne manquerai pas de venir féliciter mon oncle d'abord après diner, car — pour mon grand désespoir mon cousin Stolipine est mort avant hier, — et je suis sûr que vous ne trouverez pas mal que je me prive du plaisir de vous voir quelques heures plus tôt, pour aller, remplir un devoir aussi triste qu'indispensable. — À vous pour toute la soirée et toute la vie.

M. L.

<См. перевод в примечаниях*>

Лопухиной М. А., 23 декабря 1834*

S.-Pétersbourg. Le 23 décembre <1834 г.>

Chère amie! — quoi qu'il arrive je ne vous nommerai jamais autrement, car ce serait briser le dernier lien qui m'attache encore au passé — et je ne le voudrais pour rien au monde; car mon avenir quoique brillant à l'oeil, est vide et plat; je dois vous avouer que chaque jour je m'aperçois de plus en plus que je ne serai jamais bon à rien, avec tous mes beaux rêves, et mes mauvais essais dans le chemin de la vie… car: ou l'occasion me manque ou l'audace!… on me dit: l'occasion arrivera un jour! l'expérience et le temps vous donneront de l'audace!.. et qui sait, quand tout cela viendra, s'il me restera alors quelque chose de cette âme brûlante et jeune, que dieu m'a donnée fort mal à propos? si ma volonté ne sera pas épuisée à force de patienter?… si enfin je ne serai pas tout-à-fait désabusé de tout ce qui nous force d'avancer dans l'existence?..

Je commence ainsi ma lettre par une confession, vraiment sans y penser! — Eh bien, qu'elle me serve d'excuse: vous verrez là du moins que si mon caractère est un peu changé, mon cœur ne l'est pas. La vue seule de votre dernière lettre a déjà été pour moi un reproche — bien mérité certainement; mais que pouvais-je vous écrire? — vous parler de moi? — vraiment je suis tellement blasé sur ma personne,[84] que lorsque je me surprends à admirer ma propre pensée, je cherche à me rappeler: où je l'ai lue!.. et par suite de cela j'en suis venu à ne pas lire, pour ne pas penser!.. je vais dans le monde maintenant… pour me faire connaître, pour prouver que je suis capable de trouver du plaisir dans la bonne société; — ah!!!.. Je fais la cour, et à la suite d'une déclaration je dis des impertinences: ça m'amuse encore un peu; et quoique cela ne soit pas tout-à-fait nouveau, du moins cela se voit rarement!.. vous supposerez qu'on me renvoie après cela tout de bon… eh bien non, tout au contraire…. les femmes sont ainsi faites; je commence à avoir de l'aplomb avec elles! rien ne me trouble, ni colère, ni tendresse: je suis toujours empressé et bouillant, avec un cœur assez froid, qui ne bat que dans les grandes occasions: n'est-ce pas, j'ai fait du chemin!.. et ne croyez pas que ce soit une fanfaronnade: je le suis maintenant l'homme le plus modeste — et puis je sais bien que ça ne me donnera pas une couleur favorable à vos yeux; mais je dis, parce que ce n'est qu'avec vous que j'ose être sincère, ce n'est que vous qui saurez me plaindre sans m'humilier, puisque je m'humilie déjà moi-même; si je ne connaissais votre générosité et votre bon sens je n'aurais pas dit ce que j'ai dit; et peut-être, puisque autrefois vous avez calmé un chagrin bien vif, peut-être, voudrez-vous maintenant chasser par de douces paroles cette froide ironie qui se glisse dans mon âme irrésistiblement, comme l'eau qui entre dans un bateau brisé. Oh! combien j'aurais voulu vous revoir, vous parler: car c'est l'accent de vos paroles, qui me faisait du bien; vraiment on devrait en écrivant mettre des notes au-dessus des mots; — car maintenant lire une lettre, c'est comme regarder un portrait: point de vie, point de mouvement; l'expression d'une pensée immuable, quelque chose qui sent la mort!..

— J'etais à Царское Село* lorsque Alexis* est arrivé; quand j'en ai reçu la nouvelle, je suis devenu presque fou de joie; je me suis surpris discourant avec moi-même, riant, me serrant les mains l'une l'autre; je suis retourné en un moment à mes joies passées, j'ai sauté deux années terribles, enfin*…

Je l'ai trouvé bien changé, votre frère, il est gros, comme J'étais alors, il est rose, — mais toujours sérieux, pause; pourtant nous avons ri comme des fous la soirée de notre entrevue, — et dieu sait de quoi?

Dites moi, j'ai cru remarquer qu'il a du tendre pour m-lle Cathérine Souchkoff*…est-ce que vous le savez? — les oncles de mamselle auraient bien voulu les marier!.. Dieu préserve!.. cette femme est une chauve souris, dont les ailes s'accrochent à tout ce qu'ils rencontrent! — il y eut un temps où elle me plaisait, maintenant elle me force presque de lui faire la cour… mais, je ne sais, il y a quelque chose, dans ses manières, dans sa voix, quelque chose de dur, de saccadé, de brisé, qui repousse; tout en cherchant à lui plaire on trouve du plaisir à la compromettre, de la voir s'embarrasser dans ses propres filets.

Ecrivez-moi de grâce, chère amie, maintenant que tous nos différens sont réglés, que vous n'avez plus à vous plaindre de moi, car je pense avoir été assez sincère, assez soumis dans cette lettre pour vous faire oublier mon crime de lèse-amitié!..

Je voudrais bien vous revoir encore:. au fond de ce désir, pardonnez, il gît une pensée égoïste, c'est que, près de vous, je me retrouverais moi-même, tel que j'étais autrefois, confiant, riche d'amour et de dévouement, riche enfin de tous les biens que les hommes ne peuvent nous ôter, et que dieu m'a ôté. lui! — Adieu, adieu — je voudrais continuer mais je ne puis.

M. Lerma.

— P. S. Mes compliments à tous ceux auxquels vous jugerez convenable de les faire pour moi… adieu encore.

<См. перевод в примечаниях*>

Верещагиной А. М., весна 1835*

<Петербург, весна 1835 г.>

Ma chère cousine!

Je me suis décidé de vous payer une dette que vous n'avez pas eu la bonté de réclamer, et j'espère que cette générosité de ma part touchera votre cœur devenu si dur pour moi depuis quelque temps; je ne demande en récompense que quelques gouttes d'encre et deux ou trois traits de plume pour m'annoncer que je ne suis pas encore tout à fait banni de votre souvenir; — autrement je serai forcé de chercher des consolations ailleurs (car ici aussi j'ai des cousines) — et la femme la moins aimante (c'est connu) n'aime pas beaucoup qu'on cherche des consolations loin d'elle. — Et puis si vous perséverez encore dans votre silence, je puis bientôt arriver à Moscou — et alors ma vengeance n'aura plus de bornes; en fait de guerre (vous savez) on ménage la garnison qui a capitulé, mais la ville prise d'assaut est sans pitié abandonnée à la fureur des vainqueurs.

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